Trigger warning : overdose, suicide, drogue, manipulation, mensonge, torture, maladie (cancer).
Âge, date et lieu de naissance : Le 23 juillet 1987, il pousse ses premiers hurlements à Vladivostok, en Russie. 36 ans plus tard... c'est pas qu'il se sent vieux, non. C'est plus comme une fatigue d'avoir trop vécu en trop peu d'années. D'avoir pris trop de coups dans la gueule sans grand monde pour le ramasser. D'avoir essayé mais de s'être trop souvent rétamé. Et pourtant, il y en a encore tant, du temps, à vivre. Tant de choses à réparer. Tant de responsabilités à porter. Mais il a juste besoin d'une pause, pour panser ses plaies avant d'être à nouveau opérationnel.
Nationalité, origines : Derek n'a ni la gueule d'un russe, ni celle d'un américain, pourtant c'est les deux pays notés sur ses papiers. Son arbre généalogique, lui, remonte bien à la République de Corée. Du nord ou du sud, il n'en sait trop rien. Dans tous les cas, sa mère a quitté leur pays, pour élire domicile aux Etats-Unis en passant par la Russie. Ce qui fait qu'il parle quatre langues, mais ne se souvient vraiment que de San Francisco.
Métier, situation financière : Agent Spécial à la DEA depuis sept ans, flic et inspecteur avant ça, et trois ans passés en infiltration à New York. Il est de retour, et après quelques mois de repos forcé, le revoilà au poste de Superviseur de la brigade anti-drogue de San Francisco. Mais loin de se retirer des opérations de terrain, il justifie ses trop d'heures de travail par un besoin de rattraper le temps perdu loin de sa ville. Confortable financièrement, il s'est offert le luxe d'un loft sur Sunset District, où il n'est pratiquement jamais.
Statut civil, orientation sexuelle : Il a été marié, Derek. Ouaip. Pendant cinq ans, c'qui aujourd'hui l'étonne quand il y repense. Que ça ait tenu si longtemps. Sa femme l'a quitté parce qu'il ne voulait pas d'enfant, et parce qu'il s'est lancé à corps perdu dans le travail... Il s'y est d'autant plus réfugié après son divorce, s'est carrément enfui (selon le point de vue de certains) et dans une relation avec un autre homme qui n'est finalement plus de ce monde aujourd'hui. Bisexuel qui s'est longtemps cru hétéro, et célibataire qui se dit qu'il finira sa vie seul. Comme un sale cliché de vieux con de flic. Ca fait presque pitié.
Statut familial : Sa famille, elle se nomme Williams. Ce qu'il y avait avant, ce ne sont que des cauchemars récurrents, et des traumatismes bien encrés dans son inconscient, qu'il n'a jamais eu le courage de déterrer afin de les affronter dignement. Une mère décédée d'une overdose de somnifères qui n'avait rien d'accidentelle. Il se souvient, il était là, mais il n'était qu'un enfant. Non... tout ça n'a pas du tout guidé sa vie vers la police et la DEA, vraiment pas. Ses parents, ceux qui l'ont adopté alors qu'il avait déjà 9 ans, les Williams, il les adore. Sara et Speedy l'ont toujours soutenu et il n'a pu que les aimer dès le début. Privilégié de la famille, premier adopté qui a pu profiter de leur amour inconditionnel pendant quelques années à lui seul, l'arrivée de Lana, puis de Wil et enfin de Crystal n'ont été que bénédictions à l'époque, même si avec son frère les relations se sont vite compliquées. Mais il était de bonne volonté, Derek. Il voulait ce rôle de grand frère. Il s'est juste planté quelque part et il n'a pas encore réussi à comprendre où et comment ni à remonter la pente.
Caractère :
Tu supportes pas de voir quelqu'un souffrir. Tu prendras le coup pour lui si nécessaire. • T'as le jugement facile, qui se base sur ta propre expérience généralement, mais t'es jamais à l'abri d'être biaisé par les on-dits et les préjugés. • T'es pas le mec le plus intelligent du monde, mais t'as une bonne mémoire. Ca t'a sauvé plus d'une fois d'ailleurs. • Tu t'accroches comme une tique lorsque c'est pour quelqu'un, et c'est ce qui fait de toi un bon policier, mais lorsqu'il s'agit de toi-même, tu abandonnes trop facilement. • Tu sais garder la tête froide. On peut te penser insensible, mais c'est généralement l'inverse. T'as juste un bon contrôle de toi-même dans les situations de stress. • Tu te crois réaliste, mais t'es plutôt du genre pessimiste. T'as peur de l'espoir. T'as peur de la vie. Tu veux pas te faire des films. Mais être trop terre à terre t'empêche de rêver à mieux. • T'es drôle, pourtant. T'as souvent le sourire, et t'es le genre à banaliser les situations les plus dramatiques, même si depuis quelques années t'es un peu plus amer avec la vie. • T'es le genre résilient, parfois un peu trop ? A trop prendre de coups dans la gueule, tu vas finir par les sentir passer, comme s'ils s'emmagasinaient dans un coin de ta tête pour te revenir en pleine face dès que t'auras le dos tourné. • Tu fais des cauchemars, tu caches ta peau meurtrie sous des couches de tissus, t'as rien dit à personne proche de toi sur ce qui t'es réellement arrivé. Et c'est mieux comme ça. • Tu détestes le conflit, surtout lorsqu'il s'agit de la famille mais t'es souvent celui en tort. Sauf que tu sais rarement pourquoi et t'es pas en reste quand il s'agit d'attiser le feu dans une situation déjà explosive. • T'as étrangement jamais eu de mal avec l'autorité, mais tu sais pas totalement t'écraser non plus. • Loyal, en amitié comme en amour, tu n'es pas du genre à tomber facilement amoureux ou à laisser quelqu'un devenir ton ami au bout d'une soirée, mais une fois qu'iel l'est, c'est difficile de te faire changer d'avis. • T'as bien conscience que tes actes ne définissent pas vraiment celui que tu voudrais être. Mais t'as jamais réussi à t'accorder à ta propre personnalité, comme si tu te débattais constamment contre toi-même depuis trop longtemps…
À San Francisco depuis : Il a sept ans quand sa mère s'installe ici. Il a passé les premières années de sa vie en Russie, avant d'arriver aux Etats-Unis où il y a obtenu la nationalité après son adoption par les Williams. Puis, il l'a quittée, sa belle ville, pendant trois ans, mais il y est revenu dès qu'il a pu, en septembre 2023, arguant qu'il n'avait jamais eu l'intention de partir si longtemps.The blood you bleed
— is just the blood you owe —T'es silencieux depuis un moment, assis dans un fauteuil confortable, la main occupée à jouer avec un vieux plectre que tu gardes dans ta poche depuis des lustres. Pourtant, ça fait longtemps que tes doigts n'ont pas gratté les cordes d'une guitare. Depuis... Le départ de ta femme, sans doute. Depuis que tu l'as rangée dans son étui et enfermée dans ce vieux garde-meuble, que tu paies encore malgré ton retour. La guitare, hein. Pas ton ex-femme. Ex. Ouais. Vous avez divorcé.
—
Vous savez, Derek, tout ceci ne fonctionne que si vous me parlez.Mais t'en as pas envie toi, de parler. Tu lèves les yeux sur la psychiatre qui te regarde derrière ses petites lunettes carrées. Elle a un air de vieille sorcière avec un fond de bienveillance, mais même avec ça, même en sachant que tu n'y échapperas pas, tu restes muet depuis un bon quart d'heure. Parce que ce que t'as à dire, ça te pèse tellement sur le cœur que t'as peur que si tu prononces les mots, les quelques fils qui retiennent ton palpitant se rompent sous la pression.
—
... Ok, et si on commençait par quelque chose de simple ? Racontez moi. Votre famille, par exemple, comment ça se passe ?Tu peux pas retenir un ricanement. Simple ? Elle a accès à ton dossier complet. Elle fait partie du gouvernement. Et tu vois, dans son regard, qu'elle sait que sa question n'est pas simple. C'est la plus épineuse de toutes.
—
Super, on fait un barbecue tous les samedis et on se raconte nos anecdotes de travail.—
Mentir ne vous aidera pas.—
Oh ce n'était pas vraiment un mensonge, simplement du sarcasme. Wilfried adore ça, d'ailleurs. Je crois que ça doit être son unique façon de communiquer.Elle soupire. Tu l'énerves déjà et vous venez à peine de commencer. Il faut vraiment que tu te rappelles que tu fais ça pour pouvoir reprendre le travail. Mais tu comprends aujourd’hui que ça ne se fera pas en un jour.
— — —
Tu jures en russe, en coréen, en anglais et en espagnol. Ça a toujours été coloré, chez les Williams. Tu parlais déjà deux langues et demi avant d'arriver dans ta nouvelle famille, il t'a suffit d'apprendre l'espagnol mexicain avec ta mère et de parfaire ton anglais avec ton père. Le russe, tu l'as majoritairement oublié avec le temps, puis poussé par un esprit de compétition avec Lana, tu as recommencé à l'apprendre et finalement ça t'as bien servi ces dernières années.
—
Je vous l'ai dit, Derek. Ce n'est qu'en étant franc avec moi que vous retrouverez votre ancien poste.—
Ce n'est pas suffisant d'avoir passé tous ces foutus tests d'aptitude ? Il faut que je vous étale ma vie en long et en large en plus ? Vous avez déjà tout dans votre fichu dossier !—
Justement. Ça ne me donne pas vraiment confiance en vous, ce que je lis ici.—
Comment ça ?—
Je sais lire entre les lignes, Agent Williams. Vous avez outrepassé vos engagements et vous avez nourri une relation avec un suspect afin de monter en grade dans une organisation où vous ne deviez participer qu'à une échelle beaucoup plus raisonnable. En toute connaissance de cause, et au détriment de votre propre sécurité.Tu veux contester, mais tu te retiens. Inconsciemment, ta main s'est posée sur ton torse. Sous la chemise, tu sens la peau encore sensible, rougie et creusée par le fer chauffé à blanc, les lames et divers autre ustensiles qui ont été utilisés pour te faire mal.
—
Ce n’était pas prévu…Rien de ce qui s’était passé n’était prévu. C’est Aleksei qui s’est rapproché de toi, qui croyait à l’époque n’aimer que les femmes, parce que tu n’étais pas vraiment du genre aventureux. Quelques aventures avant ton mariage et après ton divorce, mais uniquement féminines. Puis il a débarqué, ce russe, cet homme. Le fils du patron t’a honteusement dragué alors que tu n’étais là que pour des relations commerciales et tu n’as clairement rien compris quand tu t’es retrouvé dans son lit. Et quand est arrivé le moment de faire ton rapport à Jack, t’avais déjà pris la décision d’exploiter ce lien étrange qui venait de se créer. Ton superviseur n’a rien trouvé à y redire.
Techniquement, n’était-il pas aussi coupable que toi ?
Et en même temps, personne ne te l’avait officiellement reproché…
—
Qu’est-ce qui n’était pas prévu ? Votre relation, ou de vous être fait prendre ?—
Oh ni l’un ni l’autre. Mais je vois ce que vous essayez de faire, Docteur… Jouer sur mon intégrité pour que je vous donne des réponses… Mais sachez que je ne suis ni ripou, ni suicidaire. J’ai commencé à coucher avec cet homme pour le bien de la mission, et si j’ai commencé à entrevoir un être humain au delà de ses méfaits, hé bien, je ne connais aucun agent infiltré qui ne se soit pas un jour maudit d’avoir trop d’empathie. Elle nous est nécessaire pour comprendre et manipuler le monde dans lequel on plonge.—
Donc vous n’êtes pas tombé amoureux de cet homme ? Et vous n’avez pas vécu la torture qu’il vous a infligé comme le jugement de votre trahison ?—
Non.Oh, si.
Mais t’es très bon dans ton boulot, Derek.
Et ce n’est pas de t’empiffrer de donuts.
— — —
Encore un rendez-vous. T’as espéré, les premières semaines, qu’on te donne le droit de reprendre, mais tu te retrouves encore et toujours à faire les cents pas dans ton nouvel appartement, que t’as à peine aménagé. Crystal en a découvert l’existence et, manque de bol, c’est soit disant proche de ses cours de théâtre alors ta petite soeur se donne le droit de squatter le canapé convertible que tu t’es empressé d’acheter pour ses beaux yeux. Parce que tu peux rien refuser à la cadette de la famille, maintenant qu’elle t’a pardonné ton absence.
Thanksgiving approche, et avec l'arrivée des fêtes, tu sens bien que les questions sur tes frères et soeurs, et sur tes parents, et sur votre relation, vont revenir... Sauf qu’elle prend un nouveau tournant cette fois-ci.
—
Pourquoi votre femme vous a quitté, Derek ?—
Quel est le rapport avec mon travail ?—
... Oh je suis sûre qu'on va bien en trouver un.—
Elle voulait des enfants. Pas moi.—
Pourquoi pas ?—
Parce que je ne suis pas de ces personnes qui s'épanouissent dans l'idée de laisser une trace d'eux sous la forme d'un enfant qui aura à subir le monde que nous laisserons derrière nous.—
Et sans sarcasme ?Ah. Après plusieurs entretiens infructueux, elle commence à parler ton langage. C'est toi qui en viens à soupirer cette fois. Et à réfléchir. T'énerver ne servira à rien, tu l’as compris. T'es pas con. Soit... S'il faut en arriver là...
—
... Parce que je fais un métier dangereux et que j'aime ce job. Il a donné un sens à ma vie, même si mon père aurait préféré m'intégrer dans un groupe de rock, que ma sœur pense que je fais partie du système qui pose problème et que ma mère s'inquiète tous les jours de recevoir un drapeau plié plutôt qu'un SMS lui disant que je suis bien rentré... Mais il faut croire que je ne suis pas assez égoïste pour laisser un môme sans père.—
Hé bien, vous n'êtes peut-être pas totalement perdu, Derek.Oh, probablement que si mais tu ne la contrediras pas.
— — —
Le silence s’est à nouveau installé dans ce bureau que tu connais maintenant trop bien. Mais l’annonce est tombée il y a quelques jours, et t’es en colère. Sauf qu’il n’y a personne pour passer ta colère. C’est la vie qui te rend furieux et la vie ne prendra malheureusement aucun coups de poing. Tu l’as quand même annoncé de but en blanc en entrant dans le bureau : ta mère a un cancer. Elle l’a annoncé au repas de famille comme si c’était juste … normal. Comme si ce n’était pas… T’en sais rien. La pire annonce de tous les temps ? Sara Williams est celle qui vous a tous réuni, celle qui maintient cette famille à flot. Et elle a un foutu cancer.
Il y a de l’espoir, bien sûr. Sinon, elle ne vous l’aurait pas dit.
—
Vous avez bu de l’alcool, Derek ?—
Oh, pas avant de venir, non.—
Je ne vous en aurai pas tenu rigueur pour une fois…T’es pas plus avancé de le savoir, mais tu comptes bien rattraper le coup ce soir.
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Pensez-vous que c’est à cause de votre mère que vous avez choisi cette voie ?—
Ma mère est actrice, Docteur. Je vois vraiment pas le rapport.—
Vous voyez très bien où je veux en venir, Agent Williams, n’essayez pas de jouer au plus fin avec moi.T’as un sourire. Un des premiers. Le genre de sourire en coin, amusé et un peu fier de toi aussi.
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Probablement… Voir sa mère avaler une boite entière de médicament avant de me dire bonne nuit alors que c’est l’heure du goûter, ça marque...—
Il est noté qu’un voisin ne vous a retrouvé que le surlendemain, après avoir entendu vos pleurs depuis le couloir…—
Le surlendemain ? Ca m’avait paru tellement plus long à l’époque… Mais j’imagine que les légistes ont su faire leur boulot. —
Et votre père ?—
Il est mort je crois. Enfin, c’est ce qu’elle m’a dit. En Corée, avant qu’elle ne parte et que je vienne au monde. Elle disait qu’il n’y avait plus rien pour elle là-bas. Mais je suppose qu’elle n’a rien trouvé pour elle ici non plus. Pas même moi.L’aphasie qui a suivi a duré des mois. C’est avec beaucoup d’amour de la part de tes parents adoptifs que tu as réussi à en sortir. Tu ne les remercieras jamais assez pour tout ça, et comme la fratrie ne manque pas de te le faire comprendre ces jours-ci, t’es probablement loin de tous les remercier assez, ou d’être le parfait grand frère que tu aurais voulu être…
— — —
—
Alors ça y est ? Juste comme ça, vous me laissez reprendre ?—
Si vous n’en voulez pas, vous pouvez me rendre ce formulaire.Tu le gardes, le formulaire. Tu écartes la feuille de sa main tendue comme si elle pouvait te l’arracher par dessus son grand bureau.
—
Alors bon vent, Agent Williams. Mais j’espère que vous avez conscience que vous ne repartirez jamais en infiltration ?—
Oh ne vous en faites pas pour ça. Je tiens à la vie…Et tu ne dis pas ça pour les mafieux qui torturent leurs victimes jusqu’à ce que les renforts arrivent pour sauver tes restes. Mais bien parce que si tu fais l’erreur de repartir un jour, t’as trois frères et soeurs qui te retrouveraient pour t’assassiner et t’enterrer dans le jardin sous les magnolias.