tw : violence physique, langage grossierle plus vaste des coeurs se brise.Vos regards se sont croisés. Il en fallait pas plus pour que la faille s'ouvre à nouveau. Là, en toi, juste à hauteur du coeur. Une brèche jamais colmatée qui se met à suinter, à nouveau. Et ça saigne tant et si fort que t'as l'corps qui se crispe.
Un seul regard,
c'est tout ce qu'il faut pour que j'me perde
un seul regard,
et j'suis déjà mort.
Tu grognes, sans rien dire, sans même lui esquisser l'ombre d'un sourire.
T'as trahi ta présence en ces lieux, elle sait que t'es là.
Le savait-elle déjà ? La question te heurte de plein fouet alors que de ta main gauche, tu te masses les côtes. L'enfoiré ne t'a pas raté, ça non, mais t'as rendu les coups, comme tu sais si bien l'faire. Tu traverses la foule qui s'écarte en te voyant, comme la mer l'a fait un jour devant Moïse,
ou comme le ferait les anges si Satan marchait parmi eux. La princesse te suivra de près, mais tu t'en moques, t'as même pas envie qu'elle vienne, finalement. T'es pas d'mandeur, tu l'seras plus jamais. T'as trop joué avec le feu,
Icare stupide qui a frolé le soleil. Un seul baiser partagé et toute ta vie s'est rompue comme le barrage s'effondre sous la pression. Dehors, l'air est frais mais salvateur. Tu lèves les yeux au ciel.
T'es con putain, t'es commissaire. Ici, on t'connait, on sait qui tu es. T'as pas l'droit à l'erreur, t'as pas l'droit de te comporter comme le dernier des mecs bourrés qui s'croit un héros. Parce que
héros, tu l'es déjà dans ton quotidien,
putain.La cancéreuse entre les lèvres, tu tires une première fois dessus lorsque l'or de ses cheveux danse dans ta vision périphérique.
Dégage, t'as envie de hurler alors que tes yeux rencontrent les siens.
Lorsque tes paupières s'inclinent,
je sais tout ce qu'elles veulent dire,
lorsque tes iris s'illuminent,
j'entends tout ce que nous ne sommes plus.
Tu retiens ton souffle alors qu'elle se fait aussi froide qu'un bloc de glace. Fermée, distante. Elle prend ta main, un simple contact qui pourrait bien t'faire perdre pied si tu ne détournais pas tes yeux des siens. Elle y pose un torchon.
J'ai pas b'soin de ça. que tu t'entends grogner en le repoussant. Ego mal placé, virilité touchée. Elle ne s'approche pas, garde une distance qui -
selon toute logique - devrait vous préserver mais ne fait qu'amplifier le trouble qui vous habite. Tu la jauges, la détailles, l'observes, la regardes.
Icare et le soleil, toujours. T'as les rétines qui prennent feu, c'est comme ça. Ventre tordu, estomac retourné. Tu serres le poing, grimaces. Tu tires sur ta clope alors qu'elle se fait moralisatrice, presque agressive.
T'as pas besoin de jouer les héros, tout l'monde peut l'dire mais personne le pense comme elle.
T'as été son putain de héros, toutes ces années. C'est elle qui revenait à la charge avec ses suppliques et ses atermoiements.
Garce manipulatrice qui n'a fait que briser ton coeur à chaque fois qu'elle venait lui faire faire de la corde à sauter.
J'l'aurais fait pour n'importe qui. t'as aucune espèce d'importance, voilà ce que tu sous-entends mais t'en penses pas un mot. Pour elle, tu vas au charbon. Si on l'approche de trop près, t'es capable du pire. Tu détestes l'idée qu'elle souffre et en même temps, tu fantasmes à l'idée qu'elle saigne comme toi.
Contradiction permanente. Tes yeux cherchent les siens, à nouveau.
On a dansé sur le fil,
on n'était encore jamais tombé.
Lorsqu'on s'est embrassé,
c'est comme si on s'était tué.
Elle laisse le silence vous étreindre. Tu soupires, tires nerveusement sur ta clope à une rapidité déconcertante. Tu la termines en trois bouffée, tu craches la fumée sans même t'en rendre compte. Elle reprend la parole, pose une question conne qui n'a aucun sens et se permet une remarque qui t'arrache le pansement qu't'avais mis sur ton coeur.
Le sang abonde, partout. En toi, c'est un geyser si fort que t'as l'sentiment d'te vider complètement d'tes cellules rouges.
J'avais pas envie d'te revoir un jour. c'est un rien agressif, c'est sans doute l'alcool ou l'esprit à vif. T'es qu'une plaie, James... depuis qu'elle s'est amusée à te détruire. Tu fronces un sourcil.
Faut croire que j'vais pas bien. que tu précises avec un poil d'ironie. Tu serres à nouveau le poing, grimaces encore, observes la main et remarques la bosse qui commence à apparaître.
Super, t'es bon pour un aller simple chez l'médecin avec ces conneries. Tu ravales ta salive, te redresses un peu, avances d'un pas dans sa direction.
Icare et son putain d'soleil, tes yeux brûlent, tu pourrais en chialer.
T'as jamais été aussi belle Lewis. que tu lui dis, las, fatigué, épuisé même.
J'suppose que c'est toujours comme ça... on n'se rend compte de la beauté des choses que lorsqu'on les perd. tu tires une nouvelle clope, la glisses entre tes lèvres. Tu passes une main sur ton front moite.
Retourne bosser, la bête n'a pas besoin d'être surveillée. non, tu vas t'contenter de rentrer.
Rentrer chez moi,
vomir mon désespoir,
vomir ma vie...
vomir cette mort.