afraid of lost

afraid of lost
with @Darko Zeneli

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D’abord, l’application bancaire ne s’ouvre plus, fébrilement, Lou recompose son code. Elle est postée, débout, au milieu de la rue, ses mains tremble et elle recommence, encore et encore jusqu’à pouvoir entrer dans son compte et là… le texto reçut quelques minutes plus tôt disait vrai : son compte est vide. Il n’y a plus rien, pas un seul dollar, ses économies, tout est parti en fumée. Son souffle se coupe dans sa poitrine et elle panique. Ensuite, elle reprend constance. De la patience, de la persévérance, de la douceur. Elle sourit - apparemment, quand on va mal et qu’on sourit on peut forcer son corps à aller mieux, alors elle essaie - et elle fait un pas. Puis deux. Jusqu’à attendre le local de sa banque. Fermé. On est lundi soir, évidemment que c’est fermé.

Là, elle craque.

Quelqu’un s’approche d’elle, un homme. Elle se raidit et fronce les sourcils, espérant lui donner envie de s’éloigner par son visage peu avenant, mais l’homme n’a pas froid aux yeux et s’approche encore plus. Par réflexe, parce qu’elle a été éduquée par ses frères et qu’on lui a toujours dit que les hommes étaient dangereux, elle lui balance son sac dans la gueule et s’éloigne en courant. Le pauvre homme ne comprend pas vraiment ce qu’il vient de se passer, il ne voulait qu’apporter son aide à une fille en détresse, mais il vient de retenir la leçon et n’essayera plus… jusqu’à la prochaine fois du moins.

Lou court, jusqu’à ce que ses jambes ne puisse plus la porter, jusqu’à ce qu’elle doivent cesser pour retrouver son souffle. Enfin, elle lève la tête et remarque où ses pas l’ont portée. Elle sourit, pour de vrai cette fois-ci, parce qu’elle a reconnu l’immeuble, parce que son inconscient est trop fort, parce qu’elle est allée précisément là où elle avait besoin d’aller. Ses frères ne pourraient rien pour elle, elle a besoin de quelqu’un d’autre, de quelqu’un sur qui elle peut compter. Quelqu’un qui ne l’abandonne pas, parce qu’il n’a pas le choix. Il l’a promis à ses frères et même si elle leur en veut de ne plus être là - enfin elle est méchante, son frère préféré est en prison, ce n'est pas comme s’il avait demandé à la quitter - elle sait qu’elle peut leur faire confiance.

Quatre à quatre elle monte les escaliers du vieil immeuble avant de se rappeler qu’il habite au rez-de-chausser et donc elle redescend à la même vitesse, puis tambourine sur la porte jusqu’à ce qu’elle s’ouvre. Elle sait que Darko reconnaitra son humeur et qu’il ouvrira vite. Ils se connaissent depuis trop longtemps l’un et l’autre pour ignorer ce que l’autre à en tête. Enfin, si Lou se préoccupait un peu moins de son nombril et qu’elle prêtait plus attention aux autres. Mais là, seuls ses états d’âmes comptent.

La porte s’ouvre enfin et elle pénètre comme un boulet de canon dans la pièce avant de pointer son téléphone - écran éteint - sous le nez de Darko.

« Darko, Darko c'est la MISERE, j'ai PLUS rien, je suis FAUCHEE sans la moindre raison. Même si j'ai pris six grand late au Starbuck de puis que ce que je m'étais permis, je SAIS qu'il me restait des sous, je vérifie tout le temps. Et là et là » elle hyperventile, elle panique... elle retourne son téléphone et voit qu'il éteint. Elle soupire et reprend « Ah, attends, c'est éteint, je te montre. » Elle le rallume, rapidement - et en levant l'autre doigt pour que Darko ne l'interrompe pas - elle lui montre après avoir mis son code. « Y a plus RIEN, genre rien du tout. Pas la moindre économie, tout est vidé, tout est... » Son beau visage est près à se remplir de larme. « Et brother m'a dit de venir te voir si j'avais un problème, alors je suis là. J'ai pas besoin de sous, j'ai besoin de comprendre, genre de savoir et pourquoi ? Et moi ? Et je dois faire quoi ? » On fait opposition quand on ne nous vole rien sinon nos sous depuis nos comptes directement ?