perfect mess
with @Persée Young
Dans ta tête, tu calcules, tu évalues les risques, t'as toujours peur de mal faire, d'être celle qui apporte la mauvaise nouvelle et parfois t'en veux aux médecins qui faillissent à cette tâche, à l'hôpital t'en a déjà vu des comme ça, qui disent "oui oui" sans vraiment regarder et puis qui s'en vont, régler un truc quelconque, te laissant, toi l'infirmière dans la merde. Bon, heureusement, c'est arrivé qu'une fois et le gars a été licencié pour fautes graves après, mais ça n'avait rien à voir avec cette histoire là. Non, ça, c'était pas une faute grave aux yeux des autres. Alors oui, tu es heureuse d'être infirmière, parce que les fautes graves sont plus rares et souvent moins mortelles. Tu ne pourrais pas travailler avec la pression de la mort sur tes épaules, c'est trop déprimant.
Quand Persée parle d'uber, tu paniques, tu regardes ton téléphone pour vérifier l'heure, t'as peur de devoir tout lâcher, parce que tu sais qu'il ne peut pas gérer sans toi. Puis soudain, tu captes. Tu t'es investie de cette mission, comme si tu étais sa sauveuse, mais Persée a vécu plus d'vingt ans sur terre, il est capable de s'en sortir sans toi. Tu soupires, soulagée. Tu peux t'occuper de toi en premier. Il te montre l'écran de son téléphone, tu acquiesces, tu valides, tu lui montres - sans toucher son écran, tu sais combien il déteste ça - lequel prendre. Tu souris, pleine de tendresse, parce que Persée te fait du bien aussi, parce qu'il a confiance en toi, parce qu'il sait que tu fais de ton mieux. C'est valorisant d'avoir cette impression d'être capable.
« Alors là, c'est parfait, t'as toujours les bonnes astuces... » T'as pas l'habitude de devoir te débrouiller par toi-même, tu piques les affaires des autres non pas par méchanceté, mais parce que tu ne te rends pas compte que ça ne se fait pas. On t'a toujours tout offert, alors tu prends. Mais Persée lui, est débrouillard, il fait toujours en sorte que ça fonctionne comme il en a besoin et tu admires cette qualité.
Pas loin de toi, tu entends un chuchotement et un ricanement peu discret. Tu te redresses d'un bond et fusille du regard le coupable. Tu vas l'incendier sur place - on n'attaque pas tes amis - mais Persée se remet à parler et tu te tournes vers lui.
« Je suis censée être la prochaine appelée. » Et là, tu te tournes vers lui, le stress te revient en pleine face, tu n'es pas assez concentrée dans ton rôle, tu veux tout donner et être la meilleure, mais là... Tu inspires profondément en fermant les yeux.
« Tiens assieds-toi, » murmures-tu en lui laissant ta place, non pas par gentillesse, mais parce que tu paniques et que faire les cent pas, même si c'est idiot, ça t'aide.
« Persée, c'est mon tour de paniquer ok ? » Tu dis ça en souriant, pour lui montrer qu'il doit se taire deux secondes.
« Ce rôle, je l'adore et je le veux ok ? Et là ... je t'assure pour de vrai, juré, craché, que t'es pas jaune. Ces néons de merde pourraient te rendre jaune pour que tu en aies l'impression, mais je te vois avec mes yeux d'infirmière, t'es pas jaune. » Il est si beau Persée en plus, avec cette petite ride soucieuse sur le front, avec ce sourire hésitant, avec ses peurs et ses paniques. Il est beau avec son amitié à toute épreuve, dans ses mensonges comme dans ses joies. Bon sang, qu'est-ce qu'il te fait rire.
« S'teu plait, dis-moi j'suis la meilleure et que je vais réussir cette fois-ci. » Ta voix tremble un peu. Finalement, t'es heureuse qu'il soit là, t'es heureuse de pas être seule.
« Lou Duncan » Une voix t'appelle. Et ton regard s'agrandit de terreur.
« Tu restes là ok ? » chuchotes-tu à Persée avant de devoir y aller.