i think i'm okay
with @Isaac Lawson
tw : alcool/ivresse
Tu ne sais pas pourquoi il rit, mais tu préfères ça à de la confrontation. Ça donne de la vie à l'habitacle de la voiture. Ça arrache même un sourire aux coins de tes lèvres. T'as l'impression d'avoir fait les choses bien, pour une fois. Ton estomac est encore barré, tu te donnes la migraine à essayer de faire taire les questionnements qui te prennent, mais tu préfères te torturer toi que faire du mal à ton pote qui a l'air d'avoir déjà beaucoup subi. Tu gardes les deux mains sur le volant, le regard droit devant, l'air normal.
Le diner est pratiquement vide et les rares clients sont discrets. Des types qui sortent d'un taf de nuit, un couple ivre qui partage un milkshake en attendant leur taxi. Puis il y a vous. T'es silencieux. Quand tu n'as rien à dire, tu ne dis rien. Quand tu as quelque chose à dire, tu ne le dis pas forcément non plus. Le court trajet jusqu'au restaurant ne t'a pas laissé le temps de décider si oui ou non, tu devais aborder les questions qui te sont venu. Tu caches ta surprise lorsque Isaac prend la parole, tu l'imaginais plutôt aussi gêné que toi. Tu te forces à lever les yeux, en essayant de recréer le puzzle avec les pièces qu'il étale ici et là. On passe de
"best friend" à
"madly in love" pour finir sur
"We're a bit more than roommates". Le premier truc auquel tu penses, c'est ce vieux vine "and they were roomates" et tu te demandes si ton cerveau n'a pas totalement abandonné l'idée de fonctionner, ce soir.
C'est peut-être parce que tu réponds rien que ton ami se sent obligé de commenter la nourriture. Ton regard retombe sur ton assiette. Tu ne trouves pas ces pancakes vraiment
nice, ils ont pas de goût, c'est d'ailleurs pour ça que tu en avais envie. Tu grattes la surface avec ton couteau pour retirer un maximum de sirop d'érable. La façon dont ta nourriture brillait te coupait l'appétit, à moins que ce ne soit l'aveu de ton ami sur le fait qu'il avait tué quelqu'un. En bordure d'assiette, il y a des bouts de fraises qui étaient sûrement congelées il n'y a pas quinze minutes. Le grand luxe.
« They're nice.» Tu mens, pour vérifier que t'es encore capable de parler.
Tu fais mine de reprendre ton repas, en boudant la tasse de café dégueulasse qui refroidit devant toi.
« Someone attacked Kay and you. You killed them by accident and went to jail for that. That's it ?» Tu dis ça avec un ton qui sous-entend que si c'est
juste ça, ça compte pas vraiment. T'as pas envie de demander pourquoi c'était pas de la légitime défense ou les détails de l'enquête. Tu ne fais pas assez confiance à la justice pour t'étonner de ses défaillances. Finalement, t'as l'impression d'avoir tout ce qu'il te faut pour faire la paix avec cette histoire, il ne manque que du temps pour la digérer. T'as pas envie d'en savoir plus ou de t'emmêler plus que tu ne l'es déjà. Ca te met mal à l'aise d'être dans la confidence. T'as peur d'avoir forcé Isaac a te révéler un truc qu'il était pas prêt à te confier.
« I'm not scared of you.» Tu grognes presque, avant de mettre un bout de pancake dans ta bouche. Ce que t'essaies de dire, avec ta formulation maladroite et ton incapacité à montrer les bonnes émotions au bon moment, c'est que ça ne va rien changer entre vous.