mikrokosmos - Isaac & Kay

mikrokosmos

Isaac Lawson & Kyle Yoon

Silence salvateur, silence destructeur … absence de ce qui pourtant ne lui manque pas… ambiance sonore harmonieuse. Des respirations… quatre. Deux hommes , deux chiens. Une petite boule de poil, la respiration rapide, à rêver, la langue qui pend, sous coups de sursauts fréquents, … et une plus imposante, la belle, allongée sur le dos, les pattes en l’air, eux aussi connaissent le silence, maintenant, la paix. La nuit est déjà bien entamée et le sommeil n’a pas eu de mal à trouver Isaac ce soir-là. Épuisé par le réveil aux aurores, l’escapade dans les vagues, l’amour qu’il a fait en rentrant au détour d’une douche partagée avec son beau encore à moitié endormi, la journée de travail et tout le reste.
Les heures inertes à observer l’écran de télévision en peignant la chevelure devenue blonde du coréen, à s’abreuver de références, de séries manquées, de trucs qu’il devait absolument voir. Estomac plein d’un plat simple, du riz, du poisson, noyée sous la sauce soja et la sauce piquante, tout était parfaitement aligné pour la nuit se passe bien, pour que le sommeil soit là, qu’il se laisse emporter aussi vite qu’il s’était réveillé ce matin.

Mais voyez vous, les bras de Morphée n'ont pas toujours été les plus agréables à fréquenter. Constamment sur le qui-vive pendant des années, y a des réflexes qui restent, y a des moment où l’esprit n’a pas imprimé les derniers mois et se pense encore en pyjama orange à attendre que tout le monde dorme pour pouvoir enfin fermer l’oeil. Y a ce contact humain dont il n’était plus coutumier, ce souffle qu’il sent contre sa nuque, cette main sur sa taille…la chaleur du corps de l’homme derrière lui.
Mais s’il est au triste homonyme d’une des plus belles villes du monde - il n’en sait rien, et n’est jamais allé en Italie - alors cette présence ne devrait pas être là. Ce contact ne devrait pas exister. Ce souffle qui le fait frissonner n’a rien de celui d’un amant.
Le corps se réveille bien plus vite que l’esprit, le grand se retourne brusquement et par réflexe frappe ce qui est contre lui, le coeur à deux cent à l’heures, le poing qui est parti trop vite, la respiration qui s’accélère.

Et puis les yeux s’ouvrent. Il voit le plafond. Il voit surtout les petites étoiles et planètes phosphorescentes qu’ils ont accrochés tous les deux… avec… oh fuck… oh fuck no…Kay… love, I’m so sorry! Isaac qui se redresse, le corps dégoulinant de sueur, la panique dans le regard, la lumière qu’il allume rapidement et prendre le visage de Kyle dans ses mains. are you hurt? I’m so… fucking sorry I didn’t … I don’t know what happened… I had a nightmare or something and I thought I was in … there and… I didnt want to hurt you… please baby I’m sorry Les excuses qui le font paniquer encore plus, qui en plus ont réveillé les deux autres habitants du lit - même s’ils ont pas le droit. La culpabilité qui envahit son estomac, la peur, il s’était toujours juré de jamais lui faire du mal… et même… même sans faire exprès.

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northern downpour

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with @Isaac Lawson & @Kyle Yoon
Il voguait doucement entre rêve et réalité. Pas tout à fait endormi, pas encore réveillé. Dans cette zone d’ombre qui précède le retour à la vie, mais encore embrumé par les vapeurs d’un sommeil paisible. Oui, pour une fois, paisible. Calme et serein, apaisé par le bruit des respirations, qui rappelle celui des vagues. Lent, doux et régulier. Calme. Il sait qu’Isaac est à côté, à portée, si proche qu’il peut sentir son odeur et sa chaleur rassurantes contre lui.

La première nuit qu’ils avaient passée ensemble avait pourtant été … mouvementée. En dehors de leurs ébats. Après tout, aucun des deux n’avaient jamais dormi dans un lit avec une autre personne. Et Isaac sortait de ce centre pénitencier, où … hé bien, s’il n’y avait pas vécu l’horreur qu’a pu imaginer Kay l’espace d’un instant ce soir-là, avant que son amour le détrompe sur ses pensées un peu trop sombres, il n’y avait jamais dormi paisiblement non plus. Et c’était peut-être ce qui l’en avait sauvé finalement.

Mais cela faisait plusieurs mois maintenant, qu’ils partageaient ce lit ensemble. Quelques heures par nuit. Kay avait le sommeil léger, et un rythme circadien foutu en l’air par une vie vécue à deux cents à l’heure. Ses nuits se résumaient à deux ou trois cycles à peine, avant que son cerveau ne lui rappelle qu’il devait faire autre chose de sa vie… Et pourtant, pas ce soir. Ce soir, il s’était endormi l’esprit tranquille, épuisé par une longue journée, apaisé par la présence d’Isaac et des deux chiens autour de lui. Il allait peut-être pouvoir profiter d’un cycle supplémentaire, d’une ou deux heures de paix en rab’…

C’est à peine ce qu’il avait eu le temps de penser, avant de sentir Isaac bouger. Pas le temps de se demander s’il faisait peut-être un cauchemar, sa main est déjà sur sa hanche et son réflexe est de se rapprocher un peu. Pour l’apaiser, lui aussi. Lui faire comprendre que tout va bien, qu’ils sont en sécurité ici… Comme une certitude qu’il veut communiquer à son amant.

Certitude qui vole en éclat au moment où le coup est lancé.
Certitude oubliée au moment où le poing est reçu.

C’est violent. C’est instantané et foutrement douloureux. Le grognement qui s’échappe soudainement de sa gorge est un mélange de cri de douleur et de peur. La présence autour d’Isaac s’écarte rapidement. Kay a ce vieux réflexe de ramener ses jambes contre lui et plaque ses mains sur son visage meurtri.

L’éveil tente de se faire une place dans sa cervelle mais il vient de se faire sonner par un coup en pleine tête. Le coeur s’emballe, panique s’installe. Est-il vraiment chez lui ou de retour dans un passé terrible qu’il avait pourtant tenté d’oublier sans jamais vraiment y arriver ? La lumière éclate mais n’apporte pas la vérité. Juste un Fuck qui vient faire écho la douleur palpitante derrière sa tempe. La voix d’Isaac, il l’entend comme un lointain appel au fond d’un brouillard épais. Ses mains, il s’en protège dans un premier temps, avec cette angoisse au fond des tripes de recevoir un nouveau coup.

Mais la voix d’Isaac se rapproche, sa présence aussi. Pas de ceinture visible lorsqu’il osera ouvrir un oeil. Il est dans un lit, avec deux chiens qui ne comprennent pas ce qui se passe et Isaac qui tente maladroitement de s'excuser.

— God… Fuck… You didn’t miss me. Qu’il gronde, en cessant de se débattre, mais sans lâcher son visage qui s’est mangé un poing, ou un coude, il en sait trop rien. Tout ce qu’il sait c’est que c’était un os entouré de chair et qu’il a raté son oeil de peu.

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Isaac Lawson & Kyle Yoon

Le coup accidentel réveille en Isaac beaucoup trop de traumatismes, enfouis, de non-dits et de peurs de leurs vies d'avant. De leurs adolescence bercées dans cette violence domestique. Les claques et les coups de chausson que se prenait Isaac en plus des mots bien plus forts - et ne parlons pas de ceux reçus par Kay par... Un frisson dans sa nuque. Ne pas penser au père, ne pas penser à cette nuit fatidique. Même si... comment regretter? Ils étaient libres, maintenant. Il aurait tellement voulu le faire de ses propres mains, ne pas laisser son astre recouvrir les siennes de liquide carmin. Il est si pur, si beau, si doué, l'artiste. Ses mains sont là pour créer, rien de plus. Elles ne feront plus que ça.
La lumière qui a ramené les deux hommes à la réalité est violente, pourtant tamisée, pourtant orangée, Lawson ne supportant plus les néons et les lumières blanches. Sa respiration est plus rapide alors qu'il le regarde, qu'il touche doucement son visage meurtris. I'm so sorry ... I never meant to hurt you... let me...let me get you some ice Et le grand de 1m93 et 80 kg pourrait se mettre à pleurer rien qu'en voyant la marque qu'il avait fait sur la joue de son amant. don't move Il s'est voulu un brin plus autoritaire en sortant du lit, en allant vers la cuisine, suivi par les "aboiements" aigus d'Hector qui lui lâche pas les pattes. Comme s'il l'engueulait, ou tout simplement s'il voulait à manger. hey, quiet you, it's not time for breakfast yet... and I said I was sorry, don't be mad at me Oui. Il parle au chien, comme si c'était tout à fait normal. Après tout, ils font partie de leurs vies, pourquoi il n'aurait pas de conversation avec eux.

En parlant de chiens, c'est Poppy qui a fait un effort et s'est déplacée contre Kay, la tête sur ses jambes en le regardant avec toute la bienveillance du monde. Cette attention a le mérite de faire fondre Isaac en revenant, un sac de petits pois surgelés et un eskimo glacé à la main. A genoux devant Kay, il pose doucement le sac sur sa blessure et lui donne la glace. yeah this is for you... I tried to find something nice...it was in the freezer... Tout passe avec un bisou magique il parait, alors si ce bisou s'accompagne d'une glace à la vanille et au chocolat. Il a paniqué. D'accord. Il panique toujours d'ailleurs, sans le lâcher du regard. do you still think I should take boxing lessons? Ils avaient eu une conversation, une fois, sur les envies, les activités, les possibilités que le monde avait à leur offrir. Et là, il fait un peu d'humour, parce que le sourire de Kay est la chose la plus précieuse au monde et il cherche à effacer la peur et la douleur de son regard.

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Le coeur du petit coréen bat fort, perdu au milieu des draps d’un lit trop blanc. Mais sur ses mains, pas de sang. Autour de lui, ce n’est pas sa chambre d’enfant. Si peu décorée, sa vieille chambre, là où, à chaque fois qu’il accrochait ses oeuvres au mur, c’était pour les voir arrachées, terminer en morceaux dans la poubelle à papier. Ici, sous la lumière tamisée, orangée, l’encre noire recouvrait le blanc cassé des quatre murs qui entouraient leur petit cocon de vie déjà chargé de souvenirs. De leur road-trip aux prémisses de leur nouvelle vie à San Francisco, entre art graphique et musique, leurs quelques possessions trônent dans leur pas si petit studio.

La vue qu’il recouvre calme lentement son coeur emballé. Le contact offert est doux lui aussi. Une main légère vient effleurer son visage, ce rouge qui colore sa peau entre la joue et la tempe. Ses mains se raccrochent à la couette et n’ont plus le réflexe de repousser cet amour qu’il n’a jamais réellement souhaiter écarter.

— I know, love… It’s… not that bad. Don’t worry. It’s not your fault. Its…

Mais, il était déjà parti chercher cette glace salvatrice. En l’intimant de ne pas bouger, ce à quoi Kay n’obéira pas vraiment. Les jambes presque immédiatement bloquée par Poppy, il se redresse un peu, passe une main dans ses cheveux, sur son front moite, et teste le mouvement de sa mâchoire. Mais Isaac, dans son absence de visée, l’a manquée. Et finalement, il ne s’en sort pas trop mal dans son malheur.

Il l’entend aussi, parler à Hector dans la cuisine. Et lui se repose dans le lit en attendant, venant caresser d’une main la grosse tête de la chienne posée sur sa cuisse. Elle tremble encore un peu, cette main, même s’il n’a plus cette impression d’avoir été aspiré dans le passé. Mais le choc n’en est pas moins réel. Et il n’est pas le seul à s’en rendre compte. Son coeur de pierre fond un peu face à Poppy pourtant toujours collée dans les bras d’Isaac d’ordinaire.

— A Mister Freeze in the middle of the night… Nice. Et pourtant, l’idée le fait presque grimacer. Ou bien c’est le froid qui est posé soudainement sur son visage. Thanks, qu’il ajoute quand même, l’artiste.

Il soupire et pose une main sur le sac de petit pois, et se redresse un peu de nouveau, pour prendre la glace. Qui est plutôt bonne en vérité, même s’il y a mieux comme repas nocturne.

Et si la question le surprend, il prend le temps d’y réfléchir en reposant son regard sur Isaac… qu’il se rend compte soudainement, il n’avait pas osé regarder en face depuis qu’il l’avait violemment réveillé. Comme s’il avait eu peur d’y voir… autre chose que sa panique et son inquiétude.

— Don’t know if I should say yes or no… For sure, you’ll be good at it. Somehow, you’re already are…

Pas drôle sa réponse, mais à défaut d’un rire qui lui aurait de toute façon fait un mal de chien, son visage s’adoucit.

— Stop looking at me like that. It’s okay. Nothing broken. What about you ?

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Isaac Lawson & Kyle Yoon

Si.
C’est de sa faute.
C’est de sa faute s’il n’a pas su sortir de sa torpeur avant, s’il n’a pas fait l’effort de ne plus être sur ce matelas inconfortable, dans cette chambre partagée avec un inconnu, dans cet endroit où il n’avait pas de liberté. Isaac est libre, et si Isaac est libre il doit se forcer à agir comme tel. Le blond doit prendre sur lui, être la meilleure version possible de lui-même. Pour Kay. Pour Hector et Poppy. Mais pour Kay avant tout. Et pour lui même, aussi. Alors quand il dit qu’il est désolé, quand il essaye de se faire pardonner avec une glace et un sac de petits pois, lorsqu’il dit des mots plein de sens comme “je suis désolé” qu’il a répété trop de fois, c’est cette preuve d’amour, la preuve qu’il fait de son mieux, qu’il veut grandir, qu’il veut construire à ses côtés.

Un haussement d’épaules, tout en tapotant doucement sur la blessure, la main qui lui écarte une mèche de cheveux pour pas qu’elle colle dessus. why not? You like them.. right? Un souvenir de gosses, ça, encore. Les petites madeleines de Proust qui parsèment leur chemin commun depuis si longtemps. Fusionnels, séparés pendant trop longtemps, deux aimants tenus à l’écart pour ne pas être brutalement attirés l’un vers l’autre. Le choc a été fort, les retrouvailles prenantes. Si Lawson a toujours eu beaucoup de personnalité, il se cherche de plus en plus. Les occasions de faire de l’humour et trouver qui il etait vraiment étaient peu nombreuses pendant ces précieuses années qui séparent un adolescent d’un adulte. Il est bloqué là, dans cet entre-deux. Il essaie de plaisanter, sur les cours de boxe qu’il devrait prendre ou pas. Kay, lui, est déjà une personne à part entière, un être humain qu’il adore et admire. Le regard planté dans le sien, il sourit en coin, la blague est passée et il y a répondu. yeah I think I got a good punch…but I think I will stick to surfing and music. Le pouce qui caresse sa joue, ses lèvres qu’il dépose doucement sur son front, du côté où il n’a pas été blessé. I’m fine. Your head is hard but not that hard… Il continue avec la petite trace d’humour. Sinon, franchement? Il se mettrait à pleurer. Toutes les larmes qu’il n’a pas laissé couler pendant les années à l’ombre, elles sont là comme dans un réservoir, prêtes à se répandre sur son visage à la moindre émotion trop forte. I had a bad dream… I don’t know why… it has been months now and still, coming back… Il retire le sac de petit pois pour inspecter son visage. how’s the ice cream? Ils sont pas sortis de l’auberge tous les deux… you’ll have a bruise I think… Sur son beau visage. Son si beau visage…

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Le froid réveille une conscience enfuie. Pétrie au fond du lit, elle lui revient à la fois violemment, et tendrement. Comme un gamin caché sous le lit, qui surgit en voyant enfin une silhouette aimable s’approcher de lui, le coeur au bord des lèvres mais ses petits bras qui viennent envelopper la taille de son sauveur. Même s’il ne fait qu’être là, ou qu’il ne lui donne que des pansements colorés à poser sur ses plaies. Alors, les petits pois caressent une peau meurtrie, le Mister Freeze anesthésie une joue lancinante, et le regard d’Isaac le fait fondre tout en lui donnant envie de se cacher sous les couvertures remplies de plumes. Et s’il ne venait pas de prendre un coup dans la figure, il aurait jalousement attiré le blond avec lui pour lui faire comprendre qu’il pouvait être bien, ici aussi. Et qu’il ne lui en voulait pas.

Vraiment pas.

Il acquiesce à la question, se rappelant que gamin, les glaces mangées après l’école en compagnie d’Isaac étaient leur petit plaisir secret et interdit. Parce qu’il n’en avait pas à la maison, et qu’il était certainement inconcevable de demander à ses parents d’en acheter, ou même d’en ramener lui-même. Toute trace devait du crime devait disparaître avant de passer la porte d’entrée. Et voilà qu’il en savourait une au fond de son propre lit, comme l’ultime signe que tout ce pan de leur vie était bel et bien derrière eux.

Alors, il essaye de sourire. Il chasse ces fantômes de ses yeux, en imaginant Isaac avec des gants de boxe à taper sur un sac au lieu de son visage. C’est une idée diablement différente d’un Isaac avec une guitare, pas moins intéressante… mais qu’il peut tout à fait garder à l’état imaginaire.

— Not a bad idea, love.

Mains occupées à maintenir les pansements glacés en place, Kay se laisse faire sous la douceur des gestes de son amour. Isaac refait de l’humour et lui arrache un sourire franc et amusé, un presque rire, même si…

— ‘ was not my question, non, il ne s’en faisait pas pour son coude ou son poing. Plutôt pour son sommeil, et le fait qu’il se sente toujours obligé d’être sur ses gardes malgré sa liberté retrouvée. Sans être un reproche. Absolument pas. Le regard est inquiet, au contraire. Mais réaliste aussi. Il n’a pas besoin d’imaginer, il sait qu’on ne laisse pas ce genre d’expérience au vestiaire une fois le combat terminé. Ce n’est pas le genre de chose qu’il pouvait effacer de son cerveau, pas comme un cours de math dont on viendrait de passer un examen pointu, pour lequel on a étudié à fond pendant quelques heures juste le temps de se souvenir au moment voulu d’une formule compliquée, qui vous sera sortie de la tête deux jours plus tard, pour ne jamais y revenir.

— It’s fucking normal, you know ? You… you can’t just put all that behind and don’t think about it anymore. That doesn’t work like that, you have to train your brain in the other way now and it takes time. But it will be okay, one day. Just go easy on it. One step at a time. It’s not a big deal for now, just a bruise and an icecream… You remember that day when the chocolate one fell on my shirt and I came home without seeing it ? Even years after that, I still had anxiety anytime I got a stain…

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Isaac Lawson & Kyle Yoon

Le passé est loin. A des milliers de kilomètres, les années sont passées, le trou a été rebouché. Plus rien ne le ramenait à cet endroit de malheur, plus rien , car il est dans les bras du seul qui compte et qui a toujours compté. Et pourtant, les années ont pesé dans sa tête, dans son être. Petit coeur abimé, grand corps mis à rude épreuve.
Lorsqu’il se laisse aller au sommeil, les réflexes sont là, ont été là, malheureusement. Jamais il ne voudrait lui faire mal, surtout pas… physiquement. Il ne pourrait le frapper volontairement, il ne pourrait le meurtrir comme d’autres l’ont fait. Ses mains sont là que pour l’aimer. Alors il touche son visage, il le soigne autant qu’il peut, en jouant de l’humour pour rendre l’atmosphère beaucoup plus respirable. Le froid qui les réveille, la chaleur de leur rire aussi…
En parler, c’est le revivre. Pourtant, c’était son choix et il fallait qu’il avance… En parler c’est aussi enterrer les choses, leur dire au revoir une bonne fois pour toute. I know it is… but… I’m struggling sometimes and it’s not even conscious. Maybe I should…do something, I don’t know? Not sure we can afford a shrink right now. Il pose sa main sur sa joue et l’approche de lui pour l’embrasser sur le front… et puis sur le nez… avant d’aller chercher ses lèvres.

Les souvenirs sont là du côté de Kay aussi… Les traumatismes qu’ils ont pensé tous les deux avec leurs présences mutuelles, les bras du blond entouré autour de lui, carapace protectrice qu’Isaac lui offrait déjà à l’époque. I remember… not now… it’s different…no one is going to hurt you for this… you can… stan yourself as much as you want … La petite étincelle de connerie et qui veut dire “je suis toujours un adolescent dans l’âme” s’allume dans son regard. Il emprunte le mister freeze des mains de Kay et le porte à sa bouche avant d’accidentelement faire une tache colorée sur le tshirt blanc de son amour. Une tâche qui aurait pu les terroriser à une époque. Une qui n’avait absolument aucun impact maintenant. Le regard vers lui, il se mord la lèvre inférieure. oops… I think you just have to take it off then… so I can put it in the laundry for tomorrow. Il pose ses mains sur ses hanches et attend sa permission, surtout, de voir si son approche marche, s’ils arrivent à en rire, à dédramatiser tout ça… Ils essayent… ils grandissent…ensemble.

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Le froid commence à mordre, et la douceur des petits pois se transforme lentement en douleur. Il n’y a toujours qu’un pas qui sépare les extrêmes, finalement. Un petit ou un plus grand pas, dans tous les cas, une distance minime. Haine ou amour. Douleur et plaisir. Violence et douceur. Un coup de poing dans la figure, et puis un baiser sur sa peau, son front, son nez, ses lèvres. Et il accepte tout, Kay. Quand ça vient d’Isaac. Parce que ce n’était pas volontaire. Parce que c’est lui et qu’il lui doit tout, qu’ils ne seraient pas là sans lui. Vivants. En tout cas, en ce qui le concerne.

Mais une aide extérieure… L’idée que son amour partage ses expériences avec un professionnel… Inconsciemment, il se braque, le tatoueur. Il s’est toujours débrouillé tout seul. Il a toujours surmonté les obstacles de sa propre volonté. Parce qu’il (croyait qu’il) n’avait pas le choix. Parce qu’il y a toujours cette peur que quelqu’un d’autre découvre l’horrible vérité derrière leur histoire. Parce qu’il n’avait tout simplement pas confiance…

— If you need it, we can afford it, qu’il souffle une fois les lèvres qui s’éloignent des siennes.

On ne parle pas de lui, ici. Si Isaac veut essayer… Il ne le retiendra pas. Il cherchera même le meilleur psy de San Fancisco s’il le faut. Il le conduira en voiture à ses rendez-vous, même si lui n’y entrera pas.

Il a déjà fait sa propre thérapie. Il a essayé, du moins. Imparfaite, certainement. La preuve étant cette petite boule d’angoisse qu’il sent naître lorsque le blond lui prend la glace des mains pour la poser sur son t-shirt. Il a pourtant vu le mouvement venir et l’étincelle dans son regard, mais il ne l’a pas arrêté. Il baisse les yeux sur la tâche, et son visage se pare d’un sourire … étrange. Forcé, du moins les premières secondes. Le temps de retrouver le regard d’Isaac et de prendre une respiration dans ses poumons bloqués par l’angoisse.

— Yeah. Et juste ce mot tout simple libère une pression et un rire du fond de sa gorge. Sans prendre le temps de tergiverser cinquante ans, il pose le sachet glacé et retire le t-shirt sale. Simplement sale. Juste tâché. Confess yourself. You just wanted me to take off my clothes… Come on. I’m just cold now.

Il rit, un peu, avant d’attirer Isaac contre lui. Parce qu’il a vraiment froid. Simplement froid. Et si le froid peut faire mal, c’est ridicule par rapport à ce qu’ils ont pu vivre. Et qu’ils ne vivront plus jamais.

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Isaac Lawson & Kyle Yoon

Difficile à dire si Isaac avait vraiment besoin de parler à quelqu’un ou pas. Il est tel un volcan en veille depuis des centaines d’années. Y a encore ce feu, dessous, cette pression, et pourtant, les gens qui l’ont vu en éruption ne sont plus de ce monde depuis un bail, tellement que les habitants le prenne pour une simple montagne inoffensive.
C’est ça. Isaac le volcan en repos, la montagne, le calme, le posé, qui garde ses démons de lave enfouis sous la surface terrestre. Y en a qu’un qui voit des étincelles, dans son regard, dans son attitude, dans leurs échanges, dans leurs passion. Il n’est pas certain qu’ouvrir une brèche soit la solution mais comme une cocotte minute, peut-être que faudrait lever le couvercle avant d’imploser. I’ll see… don’t worry about it. Il est déjà passé à autre chose.
Son état à lui, lui importe peu.

Y a depuis toujours une seule personne qui a toute son attention et sa dévotion et c’est lui qui compte à ce moment là. Il l’a blessé, il lui a fait peur, il l’a réveillé, tout ça dans un ordre plus ou moins important,... Il veut que la pression entre eux retombent, que le coeur de Kay soit de plus en plus léger…
Alors il ose, il va contre ce traumatisme, ce mauvais souvenir, ce geste anodin et pas du tout grave qui a un impact beaucoup trop important.
Il est temps de reprendre le contrôle.
Alors la glace est étalée sur le t-shirt, tâché… Il est patient, Isaac, sans lâcher le brun du regard, attendre qu’il comprenne où il veut en venir, comprenne que c’est pas si grave au final. Le rire qui résonne, le tshirt qui est enlevé et maintenant sur le sol.
Y a cette seconde où malgré les mois passés ensemble, le rouge monte aux joues de l’Australien en posant ses yeux sur son corps.

La chaleur qui monte dans son estomac, retraçant mentalement les lignes de ses tatouages, de ses bras, de son ventre, cette ligne si parfaite entre son nombril et ses abdos…you read me like an open book Il préfère en plaisanter en se laissant attirer contre lui, dans ses bras, pour s’emparer de ses lèvres, le serrant contre lui. you’re ok? You’re shivering, Love Isaac se redresse une seconde le temps de retirer son propre tshirt pour se coller contre lui. Il parait que de peau à peau on a plus chaud et il compte bien transférer toute sa chaleur possible.
Il murmure au creux de son oreille. I love you… I will never let anyone hurt you… ever… Qu’ils soient vivants ou morts, personne ne pourra le détruire comme ça a déjà été fait. L’heure est à la reconstruction. Tous les deux.

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