Bolerium booksft. @Leah HamiltonComme toujours Knox fait la seule chose qu'il sait faire : il fuit. Il n'a pas parlé à ses amis, il a arrêté d'allumer son téléphone portable, il ne réagit à rien, il se perd dans la lecture et ne fait rien d'autre qu'attendre que le temps passe, que la blessure devienne moins violente, que la terre se remette à tourner normalement, mais ça n'arrive jamais. Alors il pleure, alors il dépéri, alors il souffre.
Et là, il allait continuer, il allait rejeter en bloc cette pitié qu'il déteste tant, ces regards larmoyant, cette main tendue qui n'en est pas vraiment une, juste une façon de dire "ouais non mais on a essayé c'est lui aussi qui veut pas" sauf que les mots de Leah sont puissant. Knox s'arrête net, il regarde Leah, la dévisage même. Et soudain, le monde cesse de voler dans tous les sens, la terre s'arrête un instant, l'air devient plus respirable.
Knox fuit parce que ses émotions débordent de lui toujours trop vite, trop fort. Il tombe amoureux tous les quatre matins avec une force insoupçonné, il s'imagine marié avec le moindre gars qui lui retient la porte, avec le moindre sourire à son encontre. Knox s'engage trop vite, trop loin à chaque fois. Voilà pourquoi il fuit, parce qu'à chaque fois il recommence et à chaque fois ça le détruit, ça l'abîme au plus profond de son être.
Mais Leah n'est pas le genre de personne qu'on fuit, Leah n'a pas ce regard de pitié, elle est déterminée, la main tendue, Leah elle donne confiance, elle donne envie. Leah est une étoile qui descend doucement sur terre. Elle ne lui sort pas les paroles toutes faites, elle lui dit la vérité, elle lui promet rien de plus qu'un soutien, une aide.
Bien sûr, Knox sait qu'elle finira par l'abandonner, comme tous les autres, mais il ne peut s'empêcher de prendre la main tendue, métaphoriquement. Il cligne des yeux plusieurs fois, il la regarde et ses larmes se tarissent un peu, ses joues sont toujours mouillées, ses yeux sont toujours rouge, mais son souffle se calme. Ce livre ne lui fait pas si mal, en réalité, il lui fait du bien, parce qu'il lui rappelle les bons moments, pas les mauvais.
« Je suis toujours seul. » Ses mots sont à peine un murmure, ce n'est pas un reproche, juste une constatation. Knox est quelqu'un de très seul, mais pas un solitaire. Il n'est pas seul parce qu'il le veut ou qu'il aime ça, il n'a juste pas le choix. Et puis, en voyant ses yeux, en resongeant à ses mots il comprend.
« Et tu as perdu quelqu'un. » Ce n'est pas une question, elle n'a rien à répondre, mais il comprend qu'ils partagent la même peine, la même douleur. Il respire mieux. Il s'avance vers elle, s'éloigne de la sortie.
« T'as... vraiment un travail pour moi ? » murmure-t-il et cette fois-ci, on y lit une note d'espoir.