(appel) • Scar & Blake

pas loin des deux heures du mat'.
t'as quitté les platines, la brise nocturne t'ébouriffe avec plaisir. reçu d'plein fouet, la gueule au frais, la crinière frivole. t'en as besoin. la main enfin sur l'paquet de Lucky, la tête se calquant sur le béton. le vacarme continue à l'arrière, et t'voilà rassuré de t'être échappé par la porte de service. paupières un instant closes, tu tires sur cette clope qui vient caresser tes lèvres avec une rapidité folle. que s'passe-t-il Blake ? t'as toujours été du genre électron libre, mais en ce moment tu frisais le côté intenable dans une tournure plus qu'évidente. ahurissante. t'es incontrôlable.
la faute à qui ?

décalquant la nicotine à vue d'oeil, voilà que tes yeux s'épuisent sur les derniers messages. sms balancés depuis quelques heures maintenant. t'hésites. et un million d'choses se passent en toi. comme ce coeur qui bat bien trop vite pour un moment que tu voulais calme. paisible. seul. ou pas... pas totalement. ton doigt ripe trop vite et voilà que la touche du téléphone vert est enclenchée. merde, qu'est-ce tu fais putain ?

une sonnerie.
une seconde.
c'est là que tu t'rends compte de l'heure qu'il est.
t'allais raccrocher, comme soudain pris en faute quand le combiné est décroché.
le myocarde en saut périlleux contre ta poitrine.
pêcheur à découvert.
le sourire coupable qui lisse doucement tes lippes.

« t’avais raison… le meilleur déhanché manque à cette soirée. »

@Scar Lewis

Niven est parti depuis peu, et toi, tu somnoles à moitié sur le sofa. T'as envie de lui écrire. T'as envie de le voir. Quelque peu vexée que ta vidéo envoyée quelques heures plus tôt n'ait pas eu l'effet escompté. Putain Scar, qu'est-ce que tu fous ? T'es censée le détester ! Mais il te hante bien trop Blake. Habite chacun de tes rêves fiévreux. Difficile d'ignorer ces images qui s'imposent à chaque fois que tu fermes les yeux. Les corps comme des aimants, t'es incapable de le repousser. Pas en ce moment.

T'es prête à aller rejoindre les bras de Morphée, un peu déçue malgré la bonne soirée que t'as passé aux côtés de ton meilleur ami. Quand tu vois son nom s'afficher… Sur le coup, tu te dis que c'est qu'un tour de ton esprit fatigué. Mais la sonnerie continue, alors tu décroches, le cœur battant. « T’avais raison… le meilleur déhanché manque à cette soirée. » Sourire qui se peint immédiatement sur le visage de la poupée. Chaleur un peu trop agréable qui l'enveloppe tout à coup. « C'est une façon détournée de me dire que jt'ai manqué ? »

tu t’prends au piège tout seul. et tu préfères l’ignorer, en continuant de foncer tête la première comme si cela n’avait aucune importance. comme si cela ne signifiait rien. c’est l’cas, ça ne signifie rien. pourtant t’as la risette qui s’étire, juste parce qu’elle a décroché. elle va sûrement te hurler dessus vue l’heure. et ça pourrait te faire rire. ou elle va juste s’indifférer parce que tout ça ne veut rien dire pour elle non plus. il n’y a rien de plus à dire. vous avez appris à ne jamais rien expliquer de toute évidence. c’est peut-être pour ça qu’elle t’attire autant ?
ou bien c’est son parfum. l’odeur enivrante, rassurante de son derme. quand tes doigts qui glissent dessus pour s’l’approprier quelques heures. Scar répond sans tarder à ce petit aveu lâché sans « bonsoir » : « C'est une façon détournée de me dire que jt'ai manqué ? »

tu marques un temps, où juste vos respirations se répondent.
joli traquenard qui te pend au nez.
puis finalement,
« c’est une façon détournée de te dire que j’avais envie d’entendre ta voix. » mots qui brulent ta langue. chaleur que tu lui lègues sans retenue.

Vous plongez sans retenue. Absorbés par cette vague tendre qui diffère tant de vos combats habituels. Mais c'est bien trop délicieux pour ne pas savourer cette trêve. Bulle qui vous enveloppe depuis cette soirée où vous avez succombé. Et tu dois bien admettre Scar, qu'il est désormais très souvent dans tes pensées. Trop, pour celle qui clame la liberté. Mais tu n'y penses pas. Pas encore. Trop envoûtée pour laisser tes peurs parler.

« c’est une façon détournée de te dire que j’avais envie d’entendre ta voix. »
Putain…
Rien que ça, ça te rend complètement dingue. Sourire toujours plus grand sur ton visage maintenant radieux. La fatigue semble avoir totalement disparue maintenant que tu l'as au bout du fil.
Merde, depuis quand Blake Lewis a-t-il autant d'effet sur toi ?

« C'est vrai ce mensonge ? » demandes-tu taquine. T'as envie de croire qu'il dit vrai. Parce que je ressens la même chose… Ça te rassures même, de voir qu'il pense à toi. De savoir qu'il ne s'est pas égaré dans d'autres bras.

« J'ai envie de te voir… »

« C'est vrai ce mensonge ? » tu ris légèrement à cette délicieuse provocation. l’arrière du crâne qui vibre contre le mur alors que tu lèves les yeux sur le manteau sombre du ciel. tu plonges totalement dans la légèreté de cet instant. t’as rien programmé. outre le fait que tes pensées lui sont trop souvent dédiées ces derniers temps, t’as jamais songé que l’appeler te ferait autant d’effets. tu l’as juste fait. et hors de question d’y mettre fin, tellement le bien est fou. tellement tes sens te la réclament. « si c’en était un, tu n’aurais jamais posé la question. » malice au répondant. entre menteurs vous vous comprenaient si bien.

« J'ai envie de te voir… » qu’elle avoue pour te couper l’oxygène. tournis qui t’étreint, sensations giflant ta gueule de grand trompeur au possible.
c’est encore plus fou à entendre qu’à lire sur un écran. ça brûle tes entrailles, calcine déjà tes reins et engourdie même tes jambes. tu tires sur cette longue taffe, avant de recracher la fumée blanche, comme si tu relâchais une pression de plus. comme si une muraille éclatait dans c’tourbillon de démesure. plus d’contrôle. plus d’retenue. « j’ai envie d’toi… »

Y a plus de barrières. Plus de tromperies. Juste une vérité pure qu'aucun de vous ne veut gâcher. Ça ne vous ressemble pas mais vous êtes tous les deux dans le même état. Deux accros qui ont laissé toute raison de côté. T'as pas envie de laisser filer cette légèreté. Il rit à ta remarque et t'as le cœur qui se réchauffe. Mélodie trop belle que tu adores entendre. Lionne devenue mielleuse, attendrie sans comprendre comment par son plus bel adversaire. « si c’en était un, tu n’aurais jamais posé la question. » Touché. Le joueur est toujours là. Et j'aime bien trop ça…

Alors tu joue cartes sur table. Avoue clairement que tu voulais qu'il soit là, avec toi. Tu n'appréhendes même pas de te dévoiler autant car tu sens qu'en face, il est dans le même état que toi.

« j’ai envie d’toi… » Phrase simple qui allume mille feux en toi. Véritable brasier qui brûle tout ton être. Diable que c'est bon ! Et dieu que tu le détestes de ne pas être là en cet instant. La joueuse refait surface, aimant bien trop le titiller. « Ah oui ? À quel point t'as envie de moi dis moi… » Murmure prononcé de cette voix sensuelle qui fait tourner les têtes. T'as envie de le faire chavirer. Craquer au point qu'il ne pourra résister à l'envie de venir te faire l'amour.

t’as plus envie de te retenir. c’est plus possible. t’as pensé à elle depuis que cette video a atterri dans ton feed cette aprem. même si tu t’évertues à n'pas penser qu'en réalité ça fait plus de jours que cela. t’es pas prêt à tout ça, toutefois t’es prêt à ne pas la laisser t’échapper ce soir. même ce Niven, il n’est rien. bien qu’il a sûrement, indirectement, allumé tous les pare-feux pour réveiller le fauve. félin en crainte pour son territoire ? de penser qu’elle puisse gémir sous les caresses d’un autre te pousse à vouloir consumer toutes ses nuits en équation avec les tiennes. c’est n’importe quoi.

mais putain, tant pis.
et tu lui dis. ça traverse ta raison, dégomme toutes les alertes.
sa voix et son souffle derrière l’appareil te captivent à n’plus savoir comment faire. « Ah oui ? À quel point t'as envie de moi dis moi… » la joueuse s’aventure entre vos ronces favorites. ses épines te narguent avec délice. tu souris. l’arrogance la rend encore plus sexy.

« au point que je puisse pas en fermer l’oeil de la nuit… » que tu réponds, latent avant de poursuivre. « …et que je te laisserais pas dormir non plus, bébé. » promesse soufflée, fier provocateur dans la nuit et tous ses vices. tu n’veux qu’elle. même la serveuse demeure insipide depuis tu goutes au suprême. Scar flingue tous tes désirs pour se les approprier. et si t’es pas sûr de vouloir l’avouer, c’est pourtant un folle vérité.

Tu aimes bien trop la tournure que prennent les choses. Fièvre qui ne semble plus pouvoir s'éteindre, vous consumant toujours plus. T'as beau essayer de te convaincre que ce n'est rien. T'as beau crier au monde que ce n'est sexuel, la réalité est tout autre. Parce que t'as jamais désiré quelqu'un comme tu le désires lui. Personne n'avait à ce point accaparé tes pensées. Et ça devrait te faire flipper mais pour le moment, tu veux continuer de brûler pour l'homme que tu as épousé.

tu connais la ville comme ta poche, même après des années d’absence. en prenant les bonnes rues, tu seras chez elle en une bonne vingtaine de minutes. l’oreille toujours collée au téléphone, il t’est impossible de l’abandonner. surtout depuis que tu entends cette respiration dérailler tout doucement. provocant des brûlures sur tes terminaisons nerveuses, t’appelant toujours au plus.

« que voudrais-tu que je te… » quand tout à coup la porte de service s’ouvre derrière toi te ramenant sur cette planète. celle dont tu avais souhaité t’échapper. « oh Blake ! t’es là ! j’te cherchais justement. » une de tes amies barmaids de la boîte.

c’est à ce moment-là que vous êtes coupés. t’as l’feu aux nerfs rien que sur cette intrusion. et Scar qui change votre ambiance du tout au tout lorsqu’elle entend la voix de Paloma. « Bon, t'as l'air déjà occupé. J'vais pas t'embêter plus longtemps.» tu souris légèrement à cette voix devenue rapidement distante quand tu devines le désarroi , mais ça ne dure que peu de temps car tu n’veux pas qu’elle raccroche. « non… tu restes là » avant d’ajouter plus bas un « steuplé » qui tu l’espères donnera le change.

tu lèves ensuite ton regard sur la barmaid : « j’ai fini Palo’ » que tu balances à son adresse. « et là, j’ai pas l’intention d’y retourner, j’ai un truc de prévu » elle paraît pas vraiment offusquée, tant mieux. qu’elle s’en aille pour que tu puisses reprendre ta discussion avec Scar. « d’acc, passes une bonne soirée alors. On se voit demain beau gosse ! » et elle retourne dans la boîte. toi tu commences à marcher pour t’éloigner du club, trop peur d’être de nouveau emmerdé. « dis-moi que t’es toujours là… » que tu lègues à la femme au bout du fil. « c’était une façon détournée de me dire que t’étais jalouse ? » t’es volontairement provocateur. le sourire qui frise, le cœur presque trop léger de ce constat hein Blake ?

Tu aimerais que ça ne te touche pas. Tu aimerais t'en foutre. Après tout, c'est toi qu'il a appelé. Toi qu'il cherche à exciter. C'est à toi qu'il a pensé à peine avait-il terminé. Et pourtant… Tu sens déjà tes nerfs qui s'échauffent. Et putain, que tu détestes ça. Tu comprends pas pourquoi ça te fait ça. Tu te persuades que c'est surtout parce qu'on a interrompu votre petit moment mais dans le fond, tu sais que y a plus ça. Tu le veux pour toi. C'est comme ça. Et t'es du genre à toujours obtenir ce que tu souhaites. Tu te braques pourtant, presque malgré toi. Cette présence féminine t'agaces et t'as pas envie de faire semblant du contraire. T'étais en train de t'ouvrir à lui. De jouer avec lui. Et voilà qu'elle vient tout gâcher en débarquant avec une voix un peu trop joviale à ton goût. T'es prête à raccrocher, ne voulant pas t'infliger plus que ce que tu ne pourrais supporter. Mais il te retient Blake… Alors tu restes, curieuse de voir ce qu'il compte faire.

T'entends la suite de leur discussion. Si tu aimes le fait qu'il la repousse, tu aimes beaucoup moins le petit surnom par lequel elle l'appelle. Tu grognes un peu intérieurement, tout en te sentant ridicule de réagir de la sorte. Mais c'est plus fort que moi… « Dis-moi que t’es toujours là… » Tu laisses quelques secondes passer avant de répondre un léger « Hmm. » qui témoigne de ton agacement. Faut dire que t'as été bien refroidie là et que t'es grave saoulée. « C'est une façon de dire que j'ai plus envie là. » C'est faux, il te faut plus que ça pour ne plus le désirer mais tu peux être une vraie chieuse quand tu t'y mets. Surtout quand t'es vexée.

rien que le « hmm » t’avait mis la puce à l’oreille. la lionne n’est pas domptable. et Scar est aussi imprévisible qu’intransigeante. cette nana a l’feu. tu l’sais, depuis le premier jour où tu l’as vu. dans son regard c’est un délit. une révolution qu’elle mène depuis toujours contre le reste du monde. et cette Scar là te rend curieux. t’hypnotise tellement elle est scellée et réclame pour exister. mais pour l’heure, tu repousses la sentence qui arrive. « C'est une façon de dire que j'ai plus envie là. » c’est comme si tu l’avais senti arriver et quand même temps tu refusais totalement que ça s’passe.
Outch. t’avoues que ça te tord les tripes, puis ça t’refroidit d’un coup.
l’ego est mis à genoux en moins de deux secondes.
ça t’emmerde fort Blake.
malheureusement t’es pas en condition actuellement d’être le mec idéal.
et tu n’vois que l’égoïsme pour tuer les émotions qui tamponnent trop près d’ton coeur.

« ok. » sec. Blake le menteur. dans les plus mauvaises heures. cette nana est en train de te faire vriller complet. faut que tu t’ressaisisses. le problème est que t’as jamais vécu ça avant. jamais cette osmose. ce truc qui… mais là, t’es blessé. amour-propre au supplice. tu t’es même mis à ralentir dans la rue. jusqu’à te stopper au milieu d’ce carrefour de boulevards. « dans ces cas-là, on a plus rien à se dire. bonne nuit. ».
et tu raccroches.