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mention de décès, trafic d'armes et violences en tout genre@Leah Hamiltonl'air est lourd de ton absenceEst-ce qu'elle sait que tout ça, c'est pour elle ? La question effleure ton esprit alors que t'as la main posée sur la pierre froide. Un sentiment froid te parcourt à l'idée du quidam qu'on a mis sous terre à ta place pour que le cercueil ait suffisamment de poids pour bluffer tout le monde.
Sentiment froid qui t'envahit alors que t'imagines un instant ce que ta vie aurait pu être si tu n'étais jamais entré dans les forces de l'ordre, si tu n'avais jamais accepté cette enquête et pris le risque d'être un agent sous couverture. Parfois, tu t'interroges si
être fleuriste, au fond, ça n'aurait pas été un choix plus judicieux. Quand tu l'avais rencontrée, c'est ce que tu avais prétendu et de tes souvenirs, c'est ce qui te réchauffe le plus lorsque les nuits sont froides.
Prétendre être un autre t'avait permis d'échapper à une réalité qui n'avait fait que te conduire à cet instant précis.
Toi, debout... face à ta propre pierre tombale.
Ci-gît Pacôme Vasilescu, ça t'arracherait presque une larme. Depuis,
elle a dû apprendre de la bouche de tes amis et de ton entourage que tu n'avais jamais été un simple fleuriste.
T'en voulait-elle de ce mensonge ? Au fond, tu ne l'avais fait que pour vous préserver, la protéger. Parce que les rares instants que vous passiez ensemble étaient les rares instants bénis que tu vivais en cette époque ubuesque.
Je suis désolé, voilà tout ce que tu voudrais être capable de lui dire aujourd'hui.
Désolé d'avoir eu besoin de te mentir pour ne pas me faire griller,
désolé d'avoir fait passer ma mission avant toi,
désolé d'avoir dû prétendre à ma mort pour te sauver,
désolé de n'avoir pas réussi un seul instant à passer à autre chose depuis mon départ.
Le souffle te manque, l'air s'absente. Tout juste de retour en ville et après un entretien avec ton ancien partenaire, t'avais trouvé rien de mieux à faire que te pointer ici. Le soleil est haut dans le ciel, ou sans doute que c'est la lune, t'en sais plus rien. T'as perdu la notion du temps à lire ton prénom sur cette fichue pierre.
Ci-gît, c'est aussi pathétique que drôle finalement. Tu fermes les yeux, calmes ta respiration et lorsque tu crois enfin retrouver ton calme, une main se pose sur ton épaule et tout se bouscule à nouveau autour de toi. La voix t'est familière...
putain de familiarité à la con. T'as jamais réussi à l'oublier, ce grain de voix. Il est singulier, il est tendre mais emprunt d'une mélancolie que tu lui reconnaissais certains soirs lorsqu'elle se blottissait contre toi pour calmer ses angoisses. Comme matérialisée directement de tes pensées, tu sens ton coeur manquer un bon. Te retourner maintenant serait révéler ton visage et même si le temps a fait son effet, que la barbe que tu portes et la longueur de tes cheveux n'est plus la même, tu sais qu'elle te reconnaitra instinctivement.
Entre vous, il y a quelque chose d'immuable. Tu ravales salive et sanglot, tu restes face à la tombe, rabaisses même un peu la casquette sur ton front (
discrètement).
Je... mais les mots te manquent, forcément. Comment justifier ton absence sans la trahir encore une fois. Tu souffles, secoues la tête et te libères de son emprise.
Je suis désolé. il aura fallu dix ans, mais voilà, tu l'as dit.
Finalement. Pas vraiment comme tu souhaitais le faire mais c'est dit, alors tu te dégages et te détournes en faisant en sorte qu'elle ne puisse jamais voir ton visage. Tu commences déjà à t'éloigner, persuadé qu'elle ne te laissera pas pour autant filer...
entre vous, il y a cette connexion. Tu l'as ressentie à l'instant même où elle a posé la main sur ton épaule. T'en porteras la brûlure pour les jours à venir.