même les silences hurlent.
with @Blake Lewis
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maladie, langage grossier, disparitionIncapable de retenir les émotions qui la submergent, sa rancœur se déverse tel un torrent. Elle se voudrait insensible pourtant. Imperméable à tout ce qui le concerne. Oui, elle aimerait s'en foutre mais la réalité est bien différente. Alors la princesse crache son venin avec l'espoir vain d'atténuer un peu la douleur réveillée. Comme si lui faire mal pouvait lui donner satisfaction. Mais ça ne calme en rien ce cœur en souffrance.
Celui qui revit cet abandon et qui pleure en silence ton absence.L'image de ce frère dressé devant elle est un bouleversement auquel elle ne s'était pas préparé. À force d'attendre dans le vent, elle avait fini par se convaincre que lui non plus ne reviendrait jamais. Et pourtant, il est là… Elle le repousse malgré tout. Parce qu'elle n'oublie pas les années passées sans lui, ni ce vide glacial laissé en partant. Le pardon est trop difficile. Trop douloureux. C'est plus facile de sortir les griffes que de lui laisser la chance de l'atteindre à nouveau. Poupée qui ne voit qu'à travers son prisme. Souffrance aveuglante. Douleur égoïste. Il est plus facile de se dire qu'il n'y a qu'elle qui a eu mal. Qu'il n'y a qu'elle qui a le droit de faire des reproches. Mais elle connait assez son frère pour savoir qu'il est loin de se laisser faire. Si elle peut se montrer dure, il peut l'être tout autant. Les poignards ont beau atteindre leur cible, il ne restera pas sans rien dire.
Car toi et moi nous sommes faits du même bois… Ils se ressemblent bien trop les deux Lewis et c'est aussi pour ça qu'ils savent à quel point ces retrouvailles peuvent être destructrices. Ils savent l'un comme l'autre appuyer exactement où ça fait mal. Trouvant toujours les mots qu'il faut pour mettre l'autre à terre. Elle est sa faiblesse autant qu'il est la sienne. Alors elle n'est pas surprise quand la contre attaque arrive. Riposte de celui qui n'abdique jamais. «
Ça me rassure je crois… parce que finalement t’es aussi égoïste que moi. Tu me reproches tout, tu me fustiges de tous tes maux parce que j’suis pas resté sagement pour te tenir la main, pour que tu ailles bien c’est ça ? Pauvre Sacha… » Elle échappe un léger rire nerveux à sa remarque mais la réalité c'est qu'il la blesse par ses mots. «
Oui voilà je suis égoïste t'as raison. » Maugré-t-elle comme une enfant qui râle d'avoir tort. «
À quel moment t’as levé les yeux pour regarder le malheur chez les autres Sacha ? À quel moment tu t’es demandé si d’autres personnes souffraient autour de toi ? » Au fond, il a raison. Et elle pourrait sûrement l'entendre et l'admettre si elle n'avait pas si mal et si sa rancune ne venait pas brouiller son jugement. Non, elle ne pouvait pas accepter que tout cela est vrai car ce serait effacer toute la souffrance endurée pendant des années. «
Ouais peut-être je pense qu'à moi et que je me regarde le nombril mais tu nous as abandonné, aies au moins l'honnêteté de l'admettre. » Et peu importe ce qu'il dira, rien ne pourra changer ça.
La réalité, c'est qu'elle est aveuglée la belle. Par cette colère. Par cette tristesse. Par toutes ces émotions qui la rongent depuis si longtemps. Elle a tellement mal qu'elle ne voit même pas la détresse de son frère. Celle qu'il traine derrière lui depuis des années. Celle qu'il a cherché à fuir en partant à l'autre bout du monde. Peine accrochée à lui comme un boulet à sa cheville.
Car je le sais, peu importe où nous irons, elle sera toujours là, en nous. Brisés à jamais, voilà ce que nous sommes. Elle repense alors à cette révélation. Cette bombe lâchée au milieu de cette famille en ruine. "
Je ne suis pas ton père…" Le choc était venu s'ajouter à l'angoisse et la tristesse. Nouvelle tombée comme un couperet pendant la tragédie qui avait détruit leurs vies. Et si pour elle, cela n'avait rien changé, pour son frère, c'est tout son monde qui s'était écroulé. Elle avait eu beau essayer de se mettre à sa place, jamais elle ne pourrait comprendre ce qu'il a ressenti. Ce qu'il devait ressentir encore aujourd'hui. Comment réagirait-elle si elle apprenait que sa mère n'est pas sa mère ou que son père n'est pas son père ?
La vérité, c'est que je n'en sais rien… Elle soupire légèrement. «
Je comprends que tu aies eu besoin de partir. J'sais que t'as eu beaucoup à encaisser. » Car malgré ce qu'il semble penser, elle n'a jamais remis sa peine en cause. Ni ce besoin de trouver qu'il est réellement.
J'ai voulu être là… Mais la main tendue est restée sans réponse. «
Je suis venue te chercher Blake ! Et t'en as rien eu à foutre. » Douleur dans cette voix qui se brise alors que les larmes perlent dans ses yeux.
Mais dans cette tornade, plus rien ne les arrête. Et il y a ces mots… Paroles destructrices qu'il crie à son visage. «
Tu veux qu’on fasse un concours d’égoïsme ? Bah vas-y, passe en première devant le jury… montres comment tu es si forte pour donner des conseils aux autres. Mais la vérité c’est que t’adores te donner le rôle du souffre-douleur… Sauf que t'as aucun scrupule à te servir de Jasper pour te cacher derrière à chaque fois ! » Et voilà qu'il martèle toujours plus ce cœur à l'agonie. L'âme se déchire sous ce nom prononcé. Celui qui éveille tous les fantômes. La tristesse s'efface alors que la colère reprend sa place. Pire encore, c'est la rage qui vient briller dans les prunelles. «
FERME LA ! Ferme la putain ! » Hurlement d'une souffrance bien trop présente, bien trop vive. Les larmes dévalent ses joues devenues rouges sous l'émotion. Elle ne retient plus rien. À quoi bon de toute façon ? Il voulait l'atteindre ? C'est réussi. Et pour ça, elle lui en veut davantage.
Le souffle lui revient doucement alors qu'un silence pesant les entoure. L'ambiance est lourde. Glaciale. «
Pourquoi t'es là ? » Comme une supplique murmurée, elle échappe ces quelques mots.
Car tu ne sais pas toi… Non, tu ne réalises pas que je supporterai pas que tu partes une nouvelle fois…